Les chefs d’entreprises de la communauté “J’entreprends en Biovallée” se sont réunis le 23 septembre à Aurel, à l’invitation d’Hervé Liotard. Le dirigeant du groupe de travaux publics a guidé les participants dans la visite de la déchetterie privée et de la plateforme de recyclage. Les échanges se sont ensuite poursuivis en salle sur les opportunités et les freins à la transformation de la filière des déchets de la construction et du bâtiment, dans une ambition d’économie circulaire.

Les actions de Liotard pour le recyclage des déchets de chantier

Le groupe Liotard fait figure de pionnier en matière de recyclage dans le BTP en Drôme. Grâce au réemploi des matériaux, il diminue ses prélèvements de matériaux nobles dans les gravières des cours d’eau. Aujourd’hui, cela couvre une bonne moitié des besoins pour les chantiers. Si l’intérêt économique est restreint, car il faut beaucoup de travail pour casser du béton – ce qui abîme aussi les machines -, l’intérêt environnemental est évident. C’est donc par conviction que Liotard s’est engagé dans cette voie depuis de nombreuses années. 

Les plateformes de recyclage d’Aurel et de Crest sont alimentées et utilisées par et pour les activités du groupe, mais sont aussi accessibles aux tiers. Les chantiers de déconstruction génèrent des matériaux qui sont concassés et réemployés sur site, si possible, pour limiter les transports et éviter les nuisances de circulation pour les tiers ; sinon, ils sont envoyés dans différents sites de stockage maillant le territoire, y compris ceux de confrères avec qui l’entreprise coopère, dans un souci d’optimisation logistique.

Vers une stratégie territoriale d’économie circulaire pour le bâtiment ?

En revanche, la déchetterie privée du groupe n’accueille aujourd’hui ni les déchets du bâtiment, ni les tiers (par exemple les artisans). Les volumes captés ne seraient pas suffisants dans la situation actuelle pour payer le personnel nécessaire. Hervé Liotard précise : “le travail est plus simple pour Cheval ou Valorsol qui interviennent en agglomération et font du volume. Chez nous, il faut absolument mailler pour faire masse. Pour aller plus loin, il est important d’associer nos forces et tisser des accords avec les intercommunalités autour de leur compétence sur les déchets ménagers.” La destination des déchets du bâtiment et de la construction, entre déchetteries publiques ou privées, est au cœur des enjeux.

La réglementation a évolué récemment. L’extension de la responsabilité élargie du producteur (REP) aux produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment ouvre des opportunités, en lien avec les éco-organismes et les recettes associées.​​ Ce nouvel environnement de valorisation justifie que les acteurs publics et privés se mettent autour de la table pour plancher sur une stratégie commune pour le territoire. Pour agrémenter les débats, un chef d’entreprise avance : ​​”une déchetterie publique, c’est un poison pour les communautés de communes. Les volumes augmentent et les charges financières avec. D’un côté, il est difficile de refuser l’accès aux professionnels, ou même de leur faire payer. D’un autre, il est plus difficile encore de dire aux habitants qu’il faut payer plus de taxes sur les ordures ménagères. Surtout si c’est pour payer, notamment, le traitement des déchets des professionnels…” Pour accompagner la transition d’une société du tout jetable vers une économie circulaire, dans des conditions les plus acceptables possibles pour les différentes parties, peut-être faut-il questionner et faire évoluer les modèles économiques et d’organisation en vigueur ? La question est ouverte.

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