Depuis quelques années, l’économie circulaire est devenue un enjeu majeur pour les collectivités. Il ne s’agit plus seulement de gérer les déchets, mais de repenser en profondeur nos modes de production et de consommation pour mieux préserver les ressources. Ce défi est d’autant plus complexe qu’il concerne de nombreux domaines : gestion des déchets, consommation responsable, entrepreneuriat, aménagement,… Alors, comment les trois intercommunalités de la vallée de la Drôme se sont-elles organisées pour relever ce challenge ?
Le Diois mise sur la coopération locale et le zéro déchet
Dans le Diois, la dynamique a démarré en 2021 avec la création d’un pôle zéro déchet qui réunit collectivités, associations et habitants autour d’une idée forte : le déchet peut devenir une ressource. La rénovation de l’aire de tri et de réemploi de Die en 2023 marque une étape importante. Des partenaires comme la recyclerie Trésor ou la matériauthèque Bis Usus y animent des espaces de réemploi, tandis que les agriculteurs locaux participent à la valorisation des biodéchets. Le Diois prouve qu’avec une gouvernance ouverte et des acteurs engagés, un territoire rural aux ressources propres limitées peut innover et avancer concrètement vers une économie circulaire.
Économie et consommation responsable au coeur de la stratégie du Crestois-Pays de Saillans Crestois
La communauté de communes du Crestois et du Pays de Saillans a choisi de lier étroitement sa politique d’économie circulaire à celle du développement économique, en plus des aspects liés directement aux déchets. Depuis 2024, un vice-président et un chargé de mission prennent en charge ces deux volets simultanément. Cette approche vise à encourager les initiatives locales dans le champ de l’économie circulaire, tout en veillant à leur viabilité économique, ou à favoriser l’installation d’entreprises sur ce secteur d’activité.
Dans cette dynamique, la collectivité déploie une stratégie intitulée “Territoire zéro déchet”, qui inclut un axe sur l’accompagnement des changements de comportements en matière de consommation. Elle organise notamment des campagnes de sensibilisation et soutient des initiatives locales concrètes, comme les ateliers de réparation du 8 Fablab, des événements éducatifs tels que la Fête de la Récup’ ou encore le projet Paillettes. Il s’agit également de pérenniser les acteurs locaux historiques comme la Chignole et l’Or des bennes et de soutenir leur développement. Autant d’actions qui permettent de faire vivre la transition écologique au quotidien, à travers des projets concrets, visibles et utiles pour tous.
Le Val de Drôme affine sa stratégie pour soutenir les projets structurants
La communauté de communes du Val de Drôme en Biovallée a structuré son action dans le domaine de l’économie circulaire autour de projets clés. Parmi eux, la réhabilitation de la friche industrielle Drôme Cailles, qui accueillera prochainement une plateforme de compostage des déchets organiques. Cette initiative vise à transformer ces déchets en une ressource précieuse pour les agriculteurs, en leur fournissant des amendements pour leurs terres.
Un autre projet majeur porté par la collectivité est Val d’Emploi, l’entreprise à but d’emploi de Livron-sur-Drôme, dont une large part des activités contribue à l’économie circulaire, notamment à travers une ressourcerie et une activité de recyclage des textiles et plastiques.
Depuis deux ans, un appel à projets est également lancé auprès des acteurs de l’économie sociale et solidaire, afin de soutenir des initiatives liées à la prévention des déchets, au compostage, à la réparation et à la consommation responsable. Le développement de l’autopartage peut également être mentionné, favorisant une économie de l’usage appliquée aux véhicules. Cette année, la coordination de ces actions a été renforcée par une gouvernance dédiée, réunissant élus en charge de la gestion des déchets, de l’économie et de la transition écologique.
Un contrat pour passer à l’échelle : le COT, moteur de la coopération
Les trois collectivités se sont engagées depuis 2024 dans un Contrat d’objectif territorial (COT) avec l’Agence pour la transition écologique (ADEME). Ce dispositif leur offre un cadre commun pour structurer leurs stratégies de transition écologique, énergétique et circulaire. Chaque collectivité bénéficie d’un accompagnement personnalisé lui permettant de réaliser un état des lieux de son organisation interne et de ses actions en faveur de la transition écologique. Sur cette base, elle peut ensuite concevoir et suivre un plan d’actions sur mesure, appuyé par des indicateurs précis.
Le COT favorise également des temps d’échange entre les élus et techniciens des trois intercommunalités, afin de partager leurs expériences, mutualiser les compétences et faire émerger des projets communs à l’échelle du territoire. En matière d’économie circulaire, plusieurs actions sont déjà envisagées dans ce cadre : renforcer le soutien à la structuration de la filière Paillettes, sensibiliser les professionnels du bâtiment au réemploi des matériaux, ou encore développer un service d’accompagnement dédié aux petites et moyennes entreprises. L’ADEME accompagne cette dynamique de coopération en apportant un soutien financier concret, gage de la mise en œuvre effective de ces initiatives. En somme, la coopération, ça paie !