À travers son programme « Il est une vallée », réalisé en partenariat avec les radios locales RDWA et Radio Saint-Ferréol, l’association Biovallée propose ce mois-ci un focus sur le tourisme durable et apprenant, en lien avec un projet qu’elle porte à ce sujet sur le territoire. L’émission donne la parole à celles et ceux qui font vivre cette vision hybridant tourisme et savoirs sur le terrain.

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Depuis de nombreuses années, la vallée de la Drôme accueille beaucoup de visiteurs, notamment attirés par son patrimoine naturel exceptionnel. Parallèlement, ce territoire voit de nombreux acteurs s’engager pour la transition écologique et sociale. La dynamique Biovallée participe aussi au rayonnement du territoire et ce dernier dépasse l’échelle locale. Ainsi, bon nombre de personnes et structures souhaitent découvrir ce territoire singulier, voire l’approcher de très près pour mieux le comprendre. Le territoire Biovallée est riche de ces écosystèmes d’acteurs engagés dans différents secteurs d’activité. Il peut témoigner en particulier d’hybridations fertiles entre tourisme, transition et transmission de savoirs. Un vrai plus ! L’association Biovallée anime un projet collectif de tourisme durable et apprenant qui vise à consolider les liens entre les acteurs de ces différents mondes. In fine, il s’agit de valoriser et développer une diversité d’expériences et voyages immersifs en Biovallée, au plus près des acteurs engagés localement.   

 

Le tourisme durable et apprenant : découvrir, comprendre, (se) transformer

Selon l’association Biovallée, le tourisme durable et apprenant correspond à un tourisme permettant aux personnes qui explorent le territoire de vivre un ensemble d’expériences abordant enjeux, pratiques et savoirs associés à la transition et spécifiques au territoire (problématiques agricoles, liées à la gestion de l’eau, au vivant…). Ces expériences se déclinent sous des formes multiples – de la simple sensibilisation, aux formations, en passant par des immersions longues.  

« Tout le monde n’apprend pas de la même manière : certains sont sensibles à un formateur charismatique, d’autres ont besoin de se retrouver seuls avec un livre, d’autres encore ont besoin de l’effet de groupe. Certains aiment être en classe quand d’autres ont besoin de grand air. C’est l’enjeu du tourisme durable et apprenant : s’adresser à différents publics dans leur diversité et avec différents formats. » 

Julie Delclaux, chargée de mission pôle des savoirs à l’association Biovallée.

L’association défend par ailleurs les effets vertueux de cette forme de tourisme. 

« Nous avons la conviction qu’elle peut permettre des prises de conscience, une évolution des pratiques et une mobilisation plus importante des acteurs et personnes qui visitent le territoire. »

Andréa Maillotte, chargée de mission tourisme durable et apprenant de l’association Biovallée. 

« Nous sommes sur un territoire pilote, un territoire école et nous devons essaimer. Les touristes vont et viennent entre les territoires. Il est donc important de leur transmettre nos valeurs et ce qui se fait localement pour que cela soit retransmis ailleurs. »

Claude Boudeulle, vice-présidente de l’association Biovallée et référente tourisme durable et apprenant.

Vous l’avez compris, l’association s’appuie sur un terreau d’acteurs déjà engagés sur ces questions. Pour apporter sa pierre à l’édifice, elle recense, valorise et fédère ces acteurs et leurs actions pour que des liens se tissent et enrichissent l’offre de demain. Petit tour d’horizon de tout ce que le territoire et ses acteurs ont à offrir aux visiteurs (qu’ils soient des habitants, des touristes ou des professionnels de passage). 

 

Quand les hébergeurs proposent bien plus qu’un hébergement

Un certain nombre d’hébergeurs professionnels du territoire, notamment les écohébergeurs, proposent une autre manière d’accueillir et de faire découvrir le territoire. 

L’émission révèle toute la dimension humaine de cette mutation touristique. En effet, les écohébergeurs interrogés sont avant tout des personnes engagées, qui ont changé de mode de vie et souhaitent désormais partager la transition comme ils la vivent : avec naturel et enthousiasme. Ces hébergeurs accueillent les visiteurs avec une intention claire : transmettre leurs apprentissages et éveiller les consciences sans culpabiliser. Pour cela, ils déclinent de nombreux formats de transmission. 

  • Au gîte de la Vaumane à Chabrillan, Pascal et Blandine de Montmorillon mettent à disposition une bibliothèque et des ressources sur la faune et la flore locale. Ils proposent aussi quelques sorties aux touristes.

« On protège et on aime seulement ce qu’on connaît bien. Tout ce qui peut rapprocher les gens de la nature est essentiel. Au-delà des connaissances théoriques, c’est intéressant d’amener des connaissances par les sens, de cultiver l’émerveillement. » 

Blandine de Montmorillon.

  • À la ferme des montagnes bleues à Bellegarde en Diois, Félix Thuillier développe depuis 3 ans un projet agritouristique et dispose d’une chambre d’hôtes sur sa microferme en permaculture.

« Ce que je veux, c’est que les gens se disent qu’on vit de façon simple, que ça n’a pas l’air si compliqué mais qu’il faut mettre les choses en place petit à petit. »

Félix Thuillier.

  • À la ferme et gîte les Sources de Mirmande, Armelle Michon cultive en bio et agroforesterie (maraîchage, plantes médicinales, arboriculture) dans un environnement naturel préservé.

« J’essaie de faire profiter mes clients des expérimentations et activités de préservation de la biodiversité que je mène. Je leur explique notamment comment je développe une certaine résilience face au changement climatique. »

Armelle Michon.

  • Au camping de la Clairette à Espenel, Jody et Oriane Arnaud ont repris le camping familial et engagé des actions conséquentes pour la préservation des énergies, de l’eau et de la biodiversité. Le camping a notamment été classé refuge LPO en 2022.

« Entre l’évolution de nos pratiques sur le camping et les animations LPO proposées, on veut développer la connaissance et le partage autour de la biodiversité pour que les gens prennent conscience de ce qui se passe ! »

Jody Arnaud.

  • Au Domaine des Ayasses à Vaunaveys-la-Rochette, le gîte grande capacité et les hébergements insolites accueillent groupes et séminaires. Pour encourager les activités sur son site, Anne-Claire Régnier a développé un jeu de piste qui développe le lien à l’environnement local.

« Avec ce jeu, on attise la curiosité et on montre par les aspects récréatifs qu’un tourisme tranquille peut se faire dans une ambiance conviviale. » 

Anne-Claire Régnier.

Comme évoqué dans l’émission, d’autres hébergeurs du territoire développent ce métissage entre tourisme, transition et transmission de savoirs. 

  • Le centre agroécologique des Amanins propose des séjours et stages à la ferme qui sont de véritables immersions permettant de découvrir leurs pratiques agricoles et la vie paysanne. 
  • L’association Lysandra décline des stages autour de thématiques naturalistes comme la création d’une mare, des inventaires de faune et flore…  
  • Le Monastère de Sainte-Croix organise des visites botaniques de son jardin en plantes aromatiques et médicinales et des temps événementiels d’ampleur comme à l’occasion du Festiwild, festival qui accueille scientifiques, acteurs locaux et artistes pour sensibiliser le grand public au vivant.

 

Et quand tous les opérateurs touristiques proposeront des expériences chez des acteurs locaux engagés !

Le tourisme durable et apprenant est bien en chemin ! Basée sur Die, l’agence de voyage Chemins propose déjà des circuits touristiques à vélo électrique à la découverte du territoire. Ces derniers font escale chez les acteurs du territoire qui souhaitent partager leurs passions (apiculteurs, lavandiculteurs, viticulteurs, écohébergeurs…). Son offre de voyages et séminaires pour les professionnels intègre même des acteurs de la transition atypiques pour le secteur touristique : la casse et le recycleur automobile GPA, la coopérative de transition énergétique Dwatts, le laboratoire de fabrication numérique 8fablab

« Pendant les vacances, les touristes sont plus dans un moment d’ouverture que dans leur quotidien. La curiosité est là, c’est le moment de planter une petite graine. »

Alexandre Le Beuan, fondateur et directeur de l’agence Chemins. 

Dans la même dynamique, l’association Biovallée vise à stimuler le développement de ces nouvelles formes de tourisme. Le recensement et la valorisation des acteurs de la transition locaux et de leurs offres de transmission auprès des opérateurs touristiques va dans ce sens. 

Encore quelques morceaux du puzzle sont à assembler pour embarquer pleinement les opérateurs et institutionnels touristiques (offices du tourisme, agences d’attractivité) dans l’aventure ! C’est tout l’objet du projet tourisme durable et apprenant et du travail réalisé au sein de la commission dédiée à cette thématique au sein de l’association Biovallée. 

 

Quand les acteurs de la transmission de savoirs s’ouvrent à de nouveaux publics et formats pour s’ancrer localement

De l’autre côté du spectre du tourisme durable et apprenant, nous retrouvons l’écosystème des acteurs de la transmission de savoirs. Ces acteurs déclinent des formats très riches pour transmettre ce qu’ils savent, ce qu’ils ont expérimenté : ateliers, stages, formations… Certains professionnels ayant des savoirs utiles à la transition à transmettre ont compris l’intérêt grandissant du grand public de vivre de nouvelles expériences apprenantes. Ils s’organisent pour ancrer toujours plus leurs offres au territoire (c’est ici qu’on retrouve une dimension touristique !). 

 

Quand des acteurs de la transmission développent une activité touristique à part entière

En Biovallée, plusieurs initiatives hybridant la transmission de savoirs et l’expérience touristique interpellent.  

Au sein de Drôme d’abeille, Nicolas Dallet produit non seulement des produits de la ruche en élevant 250 colonies d’abeilles, mais transmet également sa passion à une grande diversité de publics. Et la diversification d’activité va plus loin encore : avec sa compagne, il projette un projet de guinguette sur l’écosite d’Eurre pour les habitants et touristes ! Au programme : des activités pédagogiques et festives autour du monde des abeilles. Rendez-vous dans les prochains mois juste à côté de la miellerie. 

Les Alvéoles également se diversifient. Le centre de formation, pépinière aux jardins expérimentaux et bureau d’études spécialisé en permaculture et paysages régénératifs, est tout récemment devenu membre de la communauté des écohébergeurs en ouvrant au grand public La Ruche, son auberge destinée à héberger leurs stagiaires et des publics touristiques désireux de comprendre ce territoire vivant et expérimental.

« Depuis peu de temps, on intègre l’accueil des touristes sur le territoire. On veut ouvrir des portes, décaler le regard, tisser des liens et proposer d’autres manières de faire du tourisme. »

Antoine Talin, fondateur des Alvéoles.

Les projets ne manquent pas et l’équipe des Alvéoles imagine déjà proposer des séjours apprenants, entre formations et voyages, autour de la permaculture et du vivant. 

« Des gens viennent de partout en France et au-delà pour assister à nos formations, ateliers ou chantiers participatifs et beaucoup ont découvert le territoire à travers ce qu’on fait. On peut faire appel à beaucoup d’acteurs avec lesquels on a une résonance comme les Amanins, le GAEC de Montlahuc ou l’Ecole pratique de la nature et des savoirs et on peut emmener les groupes visiter d’autres jardins ou terrains, c’est enrichissant. »

Antoine Talin. 

« Dans les formations ou les voyages, l’effet de groupe est la première source d’apprentissage. On a besoin de l’autre pour apprendre sur soi. » 

Caroline Julien, animatrice de l’auberge de jeunesse La Ruche qui relie

 

Quand le territoire accueille des professionnels et universitaires en recherche d’inspiration

 

Par sa connaissance fine du territoire et des acteurs qui sont engagés pour la transition sociale et écologique, l’association Biovallée est une véritable porte d’entrée sur le territoire. 

Pour répondre aux demandes fréquentes de visites de publics professionnels et universitaires désireux de comprendre les coulisses de la transition locale, l’association propose et développe des visites de territoire et visites apprenantes

En particulier, les visites apprenantes combinent des temps de réflexion théorique, des rencontres de terrain et des expériences sensorielles. Elles permettent aux participants de découvrir la complexité du territoire tout en bénéficiant de la richesse d’un groupe, de l’intelligence collective et de la diversité des approches. En contact étroit avec les acteurs locaux et immergés sur le territoire, l’expérience se veut complète et facilite l’ancrage des savoirs.  

En croisant savoirs académiques et expériences vécues, l’association Biovallée ouvre la voie à de nouvelles pédagogies plus incarnées, qui pourraient bien inspirer d’autres territoires. En effet, l’ambition est d’apporter des clés de compréhension et d’alimenter la capacité d’agir dans d’autres contextes. 

« Le public qui vient se former sur le territoire est nourri par le fait que la transition soit concrète et avance localement, malgré les obstacles, et qu’il est possible d’essaimer ailleurs. »

Julie Delclaux. 

L’association est également en réflexion autour des logiques de réciprocité : si les visiteurs ont des choses à apprendre des acteurs locaux, l’inverse est également vrai ! Des visites extérieures à Biovallée pour les acteurs locaux seraient également très bénéfiques.

 

La motivation, l’énergie et la volonté des acteurs du territoire à coopérer pour un tourisme durable et apprenant sont au rendez-vous. Ce dernier a de beaux jours devant lui sur le territoire Biovallée ! 

 

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