EXTRAIT DE :« Diagnostic de l’évolution de la population d’oiseaux du bassin versant de la Drôme inféodés aux milieux aquatiques au regard des pressions connues » ABEL-COINDOZ Rémi Licence 3ème année Science de la Vie Université de Loraine
Syndicat Mixte de la Rivière Drôme et ses Affluents (SMRD) du 8 avril au 29 mai 2019
La qualité de l’eau et des milieux humides est l’un des enjeux majeurs de la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006. Dans ce cadre, la rivière Drôme (département 26) fait l’objet d’un Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), conduit par un syndicat mixte ouvert : le Syndicat Mixte de la Rivière Drôme. L’un des enjeux du SAGE est le diagnostic de l’état de la biodiversité au sein du bassin versant, et notamment des populations d’avifaune (oiseaux). Pour mettre en place ce diagnostic, un protocole simple a été réalisé, conduisant à l’obtention d’indices kilométriques d’abondance. Les résultats de ce protocole semblent montrer une évolution positive des populations d’oiseaux inféodés aux milieux aquatiques du bassin versant, malgré une forte disparité entre les sites. Cependant, il est important de répéter de manière annuelle ou bisannuelle un suivi comparable afin d’obtenir des données fiables à long terme, pour estimer l’évolution précise des populations d’avifaune, indicatrices de la qualité du milieu.
Exemple du Petit Gravelot (Charadrius dubius)
Ce pluvier adapté aux cours d’eau douce est un migrateur : il n’est présent sur les rivières Européennes qu’entre les mois d’avril à septembre. Très bien camouflé, il apprécie les bancs de galets dégagés pour vivre, chasser et pondre. Il réalise un nid en galets qui n’est pas protégé de l’écrasement, il est donc très sensible aux activités de tourisme comme la baignade. Se déplaçant très vite en courant, il est difficilement visible mais son cri est caractéristique. Il se nourrit d’insectes et crustacés présents dans les galets et le sable, et imite l’oiseau blessé pour éloigner les prédateurs de son nid. Le Petit Gravelot est, comme le Chevalier guignette, un indicateur de l’état des bancs de graviers jeunes, et donc de la bonne dynamique de la rivière.
L’application du protocole avifaune 2019 lors d’un suivi des 11 espèces sur les 14 sites permet de récolter des indices d’abondance par kilomètre parcouru. A partir de ces indices, la cartographie suivante peut être réalisée
Le Petit Gravelot est particulièrement adapté dans son cycle de vie aux bancs de galets nus et mobilisables annuellement (bancs vifs). Lors du suivi mené, sa présence fut particulièrement relevée au niveau de la partie centrale de la Drôme, dans les plaines, là où le lit mineur est large et mobile, dans les zones de tressage. En comparant l’indice kilométrique d’abondance de cette espèce avec celui de 2006, nous obtenons une augmentation de 1,54 à 1,77 individus contactés par kilomètre. Cette légère augmentation est signe d’une qualité des bancs de galets stable dans le temps et en progrès relatif. La qualité de l’eau s’étant améliorée depuis 2006, cette l’augmentation des effectifs de Petits Gravelots peut être freinée par une autre gêne : les activités touristiques estivales au bord de l’eau comme le canoë et surtout la baignade. En effet la présence de touristes sur les bancs de galets où vivent et nichent les gravelots peut potentiellement porter atteinte à leur tranquillité et à leur reproduction. Bien que la période d’affluence touristique se situe en juillet-août, c’est-à-dire après la période de ponte, le tourisme peut avoir un impact sur l’élevage des jeunes et sur la deuxième couvée annelle. Cependant aucune preuve ne permet de mettre en lien les activités touristiques et la reproduction du Petit Gravelot, et l’espèce étant en croissance, l’impact (si impact il y a) reste modéré.
Plus d’espèces sur http://www.riviere-drome.fr/documents-divers.php