Recensement des oiseaux communs :
des comptages indispensables pour suivre l’évolution sur le long terme des oiseaux familiers. 

Il ne faut pas croire que la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) ne s’intéresse qu’aux oiseaux emblématiques. Toute la vie sauvage nous passionne et fait l’objet de notre attention ; ainsi nous nous réjouissons de voir des espèces rares, mais lorsque des espèces communes, familières, se font rares nous sommes inquiets car c’est un signe de perturbation, signe que notre écosystème va mal.

Environ 300 espèces (228 en Rhône-Alpes, Plus de 180 en Drôme) se reproduisent régulièrement en France, certaines sont rares, d’autres communes et connues de tous. Tout le monde connaît les moineaux, mésanges et hirondelles mais beaucoup moins savent qu’il y a, chez nous, quatre espèces de moineaux, six de mésanges et cinq d’hirondelles. On connaît également les aigles royaux ; des spécialistes suivent leur reproduction, leurs effectifs… mais pour les espèces plus abondantes, plus ubiquistes*, il est plus difficile d’évaluer leur nombre précis et l’évolution de leur population.
Ainsi depuis 2001, la LPO participe très activement aux Suivis Temporels des Oiseaux Communs (STOC). Ces suivis se font de deux façons :

La première est appelée STOC-EPS (Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Échantillonnages Ponctuels Simples). Il consiste à effectuer 10 points d’écoute de 5mn dans un carré de 2km de côté. Ces points, de répartition homogène représentative de tous les milieux du carré, sont choisis par l’observateur. Pendant ces 5mn nous notons tous les oiseaux que nous entendons et que nous voyons par tranches de distances. Pour ma part, je fais trois STOC-EPS (Die, Châtillon et plateau de Solaure (Montmaur). Nous faisons deux passages, le premier en début de printemps pour les nicheurs précoces et le second plus tard, pour les oiseaux nicheurs tardifs (souvent des migrateurs). Bien évidemment, ces comptages ne sont valables que sur le long terme (plusieurs années voire décennies) effectués, si possible, par les mêmes personnes et approximativement aux mêmes dates et heures. Ils donnent une évaluation des tendances d’évolution des effectifs des différentes espèces communes nicheuses de France et mesurent également l’abondance de chaque espèce contactée.

La seconde est le STOC-capture. Il est effectué par des bagueurs agréés par le MNHN (Museum National d’Histoire Naturelle) via le CRBPO (Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux). La LPO est le plus important contributeur en France, elle en organise plusieurs en Drôme dont celui de Combau, dans la Réserve Nationale des Hauts Plateaux du Vercors et celui des Ramières du Val de Drôme. L’objectif premier est l’étude du fonctionnement démographique des populations d’oiseaux communs et l’influence des variations climatiques et des habitats sur ces espèces. La standardisation du protocole est mondiale et donc permet de répondre à bien d’autres objectifs scientifiques ou de conservation sur le long terme. Ainsi le STOC-Capture apporte des informations sur la survie locale des espèces, les migrations, les effectifs locaux annuels, l’indice de productivité parmi les individus d’âge connu, le sex-ratio adulte, les mues, la biométrie … Les relevés biométriques sont : la longueur de l’aile pliée, la longueur du tarse, le poids, l’adiposité (réserve de graisse), la présence ou pas de plaque incubatrice (indiquant que l’oiseau couve). Les captures se font à l’aide de filets tendus en des endroits fixes et toujours les mêmes, d’année en année. Les visites des filets se font toutes les demi-heures de l’aube à la fin de la matinée. Il y a cinq sessions (passages) chaque printemps.
Le « STOC capture » de Combau, initié par Sébastien Blache et poursuivi par Nicolas Renous (tous deux œuvrant pour la LPO Drôme, avec le soutien de la Réserve des Hauts Plateaux du Vercors) vient de se terminer pour cette année le 12 juillet. D’après les premières impressions de Nicolas, cette année a été plutôt une bonne année de baguage.
OUF ! Enfin une bonne nouvelle. J’attends avec impatience son prochain bilan annuel. 

Ces relevés « traditionnels » sont complétés par des SHOC (Suivi Hivernal des Oiseaux Communs). Je vous laisse deviner quand nous les faisons !! Mais nous en reparlerons sans doute à la bonne saison. Là, nous nous intéressons aux oiseaux hivernants et pas qu’aux nicheurs.

Ainsi avec toutes ses observations cumulées depuis des décennies nous pouvons connaître l’évolution des populations de chaque espèce suivie et donner des pourcentages de leur diminution ou augmentation. Le Muséum National d’Histoire Naturelle s’appuie sur ces relevés pour publier leurs analyses, hélas souvent pessimistes, mais heureusement pas toujours.
En pièce jointe je vous mets un tableau récapitulatif  en Auvergne Rhône Alpes, pour plus de précision je vous renvoie à l’étude beaucoup plus « pointue » faite par Arthur Vernet chargé de mission à la LPO Auvergne-Rhône-Alpes :
https://auvergne-rhone-alpes.lpo.fr/IMG/pdf/lpo_rapport_stoc_2018.pdf

Globalement les oiseaux fréquentant les milieux agricoles et bâtis sont en diminution, les oiseaux forestiers et généralistes sont en augmentation. Cependant les tendances d’évolution sont bien plus complexes, l’influence des régions biogéographiques, les altitudes, les traitements des cultures … peuvent influencer le développement des populations avicoles. Des études plus approfondies dans les années prochaines pourront sans doute mieux éclairer ces interrogations. Ceci est abordé dans le lien ci-dessus.
Un nouvel outil de saisies de d’observations vient, depuis 2017, d’être mis en place par la LPO France et le MNHN. C’est EPOC (Estimation des Populations d’Oiseaux Communs). Il pourra compléter utilement la connaissance de terrain, moins contraignant que les STOC il apporte plus de données sur des espèces discrètes, localisées qui échapperaient aux autres suivis… Affaires à suivre donc.

Gilbert DAVID
Vice-président LPO Drôme-Ardèche

*ubiquiste : à large répartition spatiale
 
PS : si vous voulez contribuer à cette « science participative » une application sur ordinateur est disponible : Faune-Drôme ou sur Smartphone : NaturaList (sans-e-). Vous pouvez ainsi saisir vos observations oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens …

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