Un peu d’agronomie
La matière organique sous forme d’humus est un élément indispensable à la santé et la fertilité des sols. La présence de cet humus est le résultat de l’accumulation et de la transformation des débris végétaux. Son taux est donc variable en fonction de l’histoire du sol.
Sans apport, son taux baisse d’une certaine fraction chaque année, fraction qui dépend des conditions climatiques : plus il fait chaud et humide et plus l’humus se minéralise vite.
L’autre élément qui constitue la fertilité d’un sol est l’argile. C’est le résultat de la dégradation de la roche. L’argile est soluble dans l’eau et peut facilement être entraînée par les pluies. L’humus se combine à l’argile pour former un complexe argilo-humique qui n’est pas soluble dans l’eau et qui se comporte comme une éponge qui retient les minéraux solubles du sol nécessaires à la croissance des plantes.
Si on n’apporte pas de matière organique sur des sols cultivés, leur taux d’humus va baisser d’années en années, sans effet majeur au début, mais à partir d’un seuil critique, l’argile ne sera plus protégée du lessivage et la fertilité naturelle de ce sol s’écroule assez brutalement.
Quand un agriculteur comprend cela, son regard sur le sol dont il est responsable change. Claude Bourguignon a expliqué cela à Sainte Croix en 1992 et c’est à partir de cette date qu’on a fait exploser la pratique de l’agriculture bio dans le Diois.
Actuellement, le nombre d’élevages, source traditionnelle de matière organique, est en baisse dans le Diois. Beaucoup d’agriculteurs rencontrent des difficultés à s’approvisionner en compost qui, s’il est bien travaillé, est le mode de transformation de la matière organique donnant le plus d’humus.
En parallèle, la gestion des déchets verts coûte beaucoup d’argent aux collectivités et donc au contribuable. Il devient donc logique de faire du compost à partir de cette ressource mais cela représente un coût !
Cette pratique serait pourtant bénéfique ; pour l’agriculture par un maintien, voire une amélioration de la fertilité des sols et un plus grand pouvoir de rétention d’eau ; pour le climat car l’humus est composé de beaucoup de carbone : plus il y a de carbone dans les sols et moins il y en a dans l’air ; pour la collectivité qui pourrait ainsi bénéficier d’un allègement de charge.
Le problème reste la prise de décision et le démarrage de l’activité. L’achat du matériel nécessaire à une bonne qualité de traitement de la matière organique coûte cher… L’idée de composter des déchets verts ne date pas d’hier mais elle n’arrive pas à prendre forme.
Il semble prudent de démarrer à échelle réduite puisqu’on ne maîtrise pas tous les paramètres. Ainsi les problèmes rencontrés, les différents points de blocage pourraient être listés et trouver des solutions.
Certaines communes envisagent de récolter l’ensemble des déchets verts sur leur commune pour les faire broyer sur place et que toutes les personnes intéressées localement puissent en bénéficier pour leurs champs ou jardins. Nous ne pouvons qu’encourager cette démarche.
Jean-Marie Verdet, agriculteur et Lyliane Orand, pour l’association Biovallée