Le 25 septembre dernier, l’association Biovallée organisait une conférence sur le thème “ L’intelligence artificielle au service de la transition de votre entreprise : mirage ou miracle ?”. Pourquoi organiser une conférence sur ce thème en Biovallée ? Quels enseignements en avons-nous tirés ?

 

Développer une culture commune sur un sujet complexe

A l’association Biovallée, nous sommes convaincus que la transition écologique ne se fera que si l’ensemble des acteurs de notre territoire s’engagent résolument et dans une logique de coopération. Les entreprises, qu’elles interviennent dans l’industrie, la distribution ou les services, ont ainsi un rôle essentiel à jouer. C’est à l’initiative de dirigeants membres de la communauté “J’entreprends en Biovallée” qu’a été proposé ce temps d’apprentissage et d’échanges dédié à l’intelligence artificielle. L’objectif principal était de développer une culture commune sur notre territoire sur cette thématique complexe, qui attise les fantasmes, peurs et rêves en tout genre. C’est pourquoi le format d’une conférence ouverte à un large public, principalement professionnel, intéressé par ce sujet a été choisi. 

 

La méthode scientifique pour démystifier et construire du commun

Nous avons ainsi donné la parole à Laurence Devillers. Chercheuse au CNRS et spécialiste renommée dans ce domaine. Elle analyse grâce à une méthode scientifique déployée sans concession, à la fois l’évolution des technologies et les conséquences sur nos sociétés humaines, voire sur notre humanité. Quels apprentissages en retenons-nous :

  • Les modèles mathématiques permettant de simuler certains aspects de la cognition humaine existent depuis plusieurs décennies. C’est le développement fulgurant ces dernières années des capacités de calculs des ordinateurs qui a permis le développement d’applications concrètes de ces modèles dans deux domaines : la prédiction et la génération de contenus (textes, audios, visuels,…).
  • Les technologies derrière les IA prédictives ou génératives ne sont pas neutres. Elles permettent certes dans certains contextes des gains en termes d’efficacité, de créativité et de prise de décision améliorée. Mais elles contiennent également des biais et faiblesses inhérents à leur construction (perte de sources, désinformation, absence de propriété des contenus générés).
  • Les capacités des systèmes d’IA peuvent entraîner des manipulations et des changements profonds et durables dans le comportement des utilisateurs, tels qu’un excès de confiance, le développement de l’anxiété ou une dépendance aux systèmes.

 

Intelligence artificielle et transition écologique : de simples optimisations ou une transformation en profondeur des activités économiques ?

Grâce à sa capacité d’analyse massive de données et d’automatisation, l’IA peut favoriser des optimisations permettant de réduire l’empreinte écologique de nombreuses industries. Dans le domaine de l’agriculture, par exemple, des systèmes d’IA permettent de suivre la santé des sols et d’identifier leurs besoins en nutriments avec une précision accrue, réduisant ainsi l’utilisation d’engrais chimiques et favorisant des pratiques agricoles plus durables. De même, l’IA peut jouer un rôle dans la gestion de l’eau, en optimisant les systèmes d’irrigation et en réduisant le gaspillage. En matière d’efficacité énergétique, l’IA permet d’analyser et d’ajuster en temps réel la consommation d’énergie dans les bâtiments ou les processus industriels, conduisant à une réduction significative de l’empreinte carbone.

Reste à savoir si l’IA peut réellement accompagner l’évolution des modèles économiques d’entreprise vers plus de sobriété et contribuer au découplage entre développement des activités et usages de ressources non renouvelables. Les retours d’expérience restent encore limités en la matière. La question de savoir si ces technologies peuvent véritablement conduire à une transition vers des modèles plus durables, où la croissance économique ne rime plus nécessairement avec une augmentation de la consommation des ressources naturelles, reste ouverte. Les défis restent nombreux, notamment en matière de régulation, de gouvernance des données et de gestion des impacts sociaux et environnementaux des nouvelles technologies. Ainsi, même si l’IA offre un potentiel indéniable, il reste encore beaucoup à faire pour en maximiser les bénéfices en termes de durabilité et de respect des limites écologiques planétaires.

 

 

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