L’association Biovallée, en partenariat avec le Syndicat mixte de la rivière Drôme (SMRD) et l’INRAE, a organisé une réunion du comité de pilotage du projet de schéma territorial d’économie circulaire de l’eau, prévoyant la réutilisation des eaux usées traitées (REUT), le 9 novembre dernier.

 

Un projet collectif d’intérêt territorial

L’association Biovallée anime la réflexion depuis 4 ans. Une première étude a permis d’évaluer le potentiel de réutilisation des eaux à l’échelle du bassin versant de la Drôme. Elle a notamment identifié trois sites à fort potentiel autour des stations d’épuration d’Allex, de Crest et de Luc-en-Diois. Le bureau d’étude Ecofilae travaille depuis un an sur des avant-projets concernant ces sites, qui seront finalisés à l’horizon du printemps prochain.

La réunion du comité de pilotage a permis de faire le point sur l’avancement des études. “Je suis très intéressée par la démarche. Elle va dans le sens des priorités du préfet. En Drôme, le respect du pacte républicain et l’eau sont nos priorités”, a déclaré Véronique Simonin, sous-préfète de Die en guise d’introduction. “Cette vision territoriale de la REUT, c’est une première en France”, ont appuyé Philippe Lagrange, vice-président de l’association Biovallée, et David Arnaud, directeur du SMRD, porteurs du projet.

De manière schématique, la solution technique consiste à stocker les eaux usées traitées en hiver (plutôt que de les rejeter à la rivière, ce qui est le cas actuellement) pour en permettre l’utilisation en été. Dans la basse vallée, les réseaux du syndicat d’irrigation drômois permettront de faire transiter l’eau entre lieux de production, stockage et utilisation. Les scénarios envisagés apportent des bénéfices à la fois pour l’environnement et l’agriculture :

  • Amélioration de la qualité de la Drôme et respect du débit réservé, d’une part ;
  • Substitution aux prélèvements dans la rivière et sécurisation de l’irrigation en période d’interdiction des prélèvements, d’autre part.

Avec le changement climatique, les agriculteurs ont besoin d’eau pour valoriser leurs exploitations de taille moyenne. La REUT est une assurance en cas de crise. Elle apporte une solution à hauteur de 10 % des besoins en eau d’irrigation actuels du territoire. “Il faut regarder ce projet de manière globale et définir comment il va induire une amélioration agricole, environnementale et sanitaire”, insiste Jean Serret, président de la communauté de communes du Val de Drôme. “Ce projet réunit tous les acteurs, c’est sa richesse. Il sera sous maîtrise 100% publique. La régulation se fera dans le cadre de discussions collectives”, précise Philippe Lagrange.

 

Le rôle clé de l’Etat pour la réussite du projet

De nombreux partenaires apportent leur soutien financier au projet. L’Etat est le premier d’entre eux. En effet, l’élaboration d’un schéma d’économie circulaire de l’eau fait partie des actions inscrites dans le contrat Territoire d’innovation signé entre l’association Biovallée et l’Etat en 2020. Depuis, le gouvernement a affirmé sa volonté d’accélérer ce type d’initiative et de multiplier par dix les volumes d’eaux usées traitées réutilisés d’ici 2030. Ça tombe bien ! Le projet de REUT en Biovallée a besoin du soutien plein et entier de l’Etat pour aboutir.

Les principaux enjeux pour la réussite du projet sont désormais d’ordre réglementaire et administratif. Le Gouvernement a publié un décret cadre “simplifiant les procédures de réutilisation des eaux usées traitées” le 29 août dernier. L’arrêté ministériel précisant les seuils et conditions d’utilisation pour les usages agricoles n’est pas encore sorti. Les acteurs sont en attente de ce texte car ils ont besoin d’une vision claire pour s’engager.

Par ailleurs, les acteurs locaux attendent que les différents services de l’Etat se mettent d’accord pour trouver la meilleure solution possible sur ce projet, à la hauteur des enjeux auxquels il répond. “Ce projet aboutira si, et seulement si, on fait converger l’expertise technique, le bon sens paysan et la souplesse administrative. Nous devons être agiles sur la méthode et chercher des compromis”, insiste Jérôme Veauvy, pépiniériste et référent REUT au sein de l’association Biovallée. “Nous irons sur le terrain avec vous et nos collègues de la biodiversité et de la santé pour visiter les sites de stockage potentiels. Nous examinerons tout ça ensemble. Nous saurons faire preuve de pragmatisme”, a répondu Olivier Carsanna, chef de pôle eau à la Direction départementale des territoires de la Drôme.

Il n’y a pas de solution simple au problème complexe de l’eau. “La commission locale de l’eau est le lieu privilégié de la concertation locale des acteurs du territoire pour les enjeux liés à la gestion de l’eau. Elle s’assure de laisser à la rivière suffisamment d’eau pour lui permettre de vivre. Tout le monde a fait des efforts ces dernières années pour limiter son impact. Mais ça ne suffit pas encore. Il faut continuer. Le territoire est en marche. On veut accompagner ce mouvement. Si on ne saisit pas chaque opportunité, on va se casser la figure. Ne nous lâchons pas la main sur ce dossier de la REUT”, conclut Pierre Lespets, président de la commission locale de l’eau.

 

Focus sur les partenaires du projet

La Banque des Territoires, pour le compte de l’Etat au titre du programme Territoires d’innovation de France 2030, le Département de la Drôme, la communauté de communes du Val de Drôme en Biovallée, la communauté de communes du Crestois et du Pays de Saillans soutiennent le projet. L’association Biovallée bénéficie par ailleurs, pour un montant équivalent aux fonds publics, du soutien déterminant du fonds de dotation Domorrow et d’autres partenaires privés : pépinières Veauvy, ADP Group, Véolia, Suez. Le syndicat mixte de la rivière Drôme, l’INRAE, la chambre d’agriculture de la Drôme et le syndicat d’irrigation drômois apportent un appui technique à cette étude.

L’association Biovallée impulse des projets innovants au profit de la transition écologique en vallée de la Drôme. Vous souhaitez nous soutenir dans notre effort ? Contactez-nous pour en parler : Yannick Régnier, directeur, yregnier(a)biovallee.net

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