Au terme de son stage au sein de l’association Biovallée, Benoit Martin nous partage quelques éléments de son dernier travail, en lien avec sa formation au séminaire.

 

Un séminariste en stage à l’association Biovallée

En stage dans l’association Biovallée depuis janvier, et par ailleurs séminariste (en formation pour devenir prêtre dans la Drôme), j’ai terminé mon stage par un travail autour du lien entre écologie et spiritualité. Le but de ce travail était de proposer un regard qui puisse venir décaler et enrichir la pluralité d’approches au sein de Biovallée.

Ce travail a été nourri de ce que j’ai pu observer pendant ces six mois de stage. Il s’appuie aussi sur diverses recherches, lectures, et sur ma formation antérieure en philosophie. Enfin, pour enrichir cette approche et lui donner un certain relief, je suis allé à la rencontre de différentes personnes de spiritualités diverses dans la vallée.

 

Ecologie et spiritualité : quel rapport ?

Le rapprochement entre écologie et spiritualité peut sembler étonnant à première vue. L’approche écologique commune est marquée par une vision plutôt scientifique : réchauffement, quantité de CO2, approche naturaliste de la biodiversité, etc. Ou du moins elle est focalisée sur des enjeux matériels : alimentation, transport, production, etc. La spiritualité est un terme vaste qui ne se résume pas aux religions. Elle traite au sens large de tout ce qui n’est pas matériel et inclut donc la question du sens, des valeurs, etc. Il semble donc qu’il n’y a pas de lien entre les deux.

Pourtant, on constate de fait que les milieux spirituels parlent de plus en plus d’écologie, et que les milieux écologistes intègrent de plus en plus la dimension spirituelle. Cela semble provenir du fait que la seule approche matérialiste ne suffit pas à répondre aux crises que l’on traverse. Le bonheur fondé sur les biens matériels et la consommation ne convient plus. On a alors besoin de chercher le sens et le bonheur dans quelque chose d’autre que le matériel. Et s’il faut passer par une forme de sobriété, comment rendre celle-ci désirable [1] ou heureuse [2] ?

 

L’écologie, un terrain de dialogue et de partage pour les différentes spiritualités

La spiritualité offre à l’écologie plusieurs éléments : au lieu de pointer ce qu’on ne veut pas (réchauffement, extinctions, etc.), elle indique quelque chose de positif à désirer. Elle intègre les questions écologiques au sein d’un Tout plus large, une vision du monde et des choses harmonieuses. Dans ce Tout, l’homme est invité à trouver sa juste place pour participer à cette harmonie et y trouver son bonheur. Cela ouvre à une certaine transcendance : on se trouve inscrit dans quelque chose de plus grand qui nous traverse.

L’écologie parle du monde commun, et d’enjeux humains qui nous concernent tous. Elle a donc une forte capacité à rassembler. Les différentes visions spirituelles peuvent trouver autour de l’écologie un terrain de dialogue et de partage. Il ne s’agit pas d’imposer telle ou telle vision du monde, mais en partageant les points de vue, on peut enrichir notre vision collective et lui donner du relief.

Ecologie et spiritualité sont bien distinctes, mais elles ont beaucoup à s’apporter réciproquement. Il y a me semble-t-il de belles pistes à poursuivre sur ce domaine. Et pour ma part je souhaite continuer à les approfondir au-delà de ce stage.

 

J’en profite pour redire encore un très grand merci à l’association Biovallée pour ces six beaux mois de stage. Et à bientôt !

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[1] « Comment rendre la sobriété désirable ? » titre d’un entretien entre Jean-Marc Jancovici et le philosophe Jean-François Mouhot

[2] La sobriété heureuse est une notion promue par Pierre Rabhi, cofondateur du centre agroécologique des Amanins.

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