A l’initiative de Jean-Pascal Abdelli, directeur d’Elixens, l’association Biovallée a organisé la visite conjointe de La Chignole, bricothèque et matériauthèque, et de L’Or des Bennes, recyclerie à Crest, le 3 mai dernier. L’entreprise Liotard TP était représentée. Les échanges ont porté sur le réemploi et l’économie circulaire dans la vallée de la Drôme, notamment des matériaux de la construction dans le secteur du bâtiment.

 

Partager, mutualiser et réutiliser outils et matériaux

La Chignole est une association créée en 2017. Elle fonctionne grâce à l’engagement de bénévoles et l’appui d’une équipe salariée. Sa dynamique s’est renouvelée et consolidée avec la participation à la promotion 2020 de l’incubateur Ronalpia. 4 postes ont été créés depuis mai 2021. Parmi ceux-ci, Brice Guyot, actuel coordinateur de la structure, a accueilli le groupe le jour de la visite.

La bricothèque est la première activité mise en oeuvre. Elle comprend une outilthèque pour favoriser le partage et la mutualisation d’outils, et des ateliers de bricolage et de partage des savoir-faire, qui bénéficient d’un espace équipé dans les locaux de l’association. Objectif : faciliter le « faire soi-même » et le « faire ensemble ». Cependant, cette activité n’était pas viable seule.

La Chignole a ainsi développé la matériauthèque. Cet espace permet au public d’acheter des matériaux de récupération, donnés par des professionnels et des particuliers soucieux de leur offrir une deuxième vie au lieu de les jeter. Démarrée en mars 2021, l’activité tourne bien, avec 800 personnes accueillies en un an et des recettes deux fois supérieures aux prévisions. Elle autofinance déjà un poste.

 

Un pôle sur l’économie circulaire en ligne de mire

La Chignole est hébergée à Crest dans un bâtiment de la communauté de communes du Val de Drôme. Cet emplacement est stratégique, car il est en proximité immédiate de la recyclerie d’objets L’Or des Bennes, des magasins de matériaux Morin et Point.P et de la déchèterie intercommunale. Les surfaces sont limitées (200 m2 à l’intérieur et 1500 m2 à l’extérieur) mais suffisantes actuellement. En effet, l’activité fonctionne sur la rotation des matériaux, pas leur stockage. Un travail de sélection est effectué lors des dépôts.

La Chignole porte la vision utopique d’un pôle de l’économie circulaire plus ambitieux. L’agencement géographique des recycleries et déchèteries sur un lieu unique permettrait une valorisation optimale des objets et matières, grâce à une bonne gestion des flux. Avec par ordre de priorité : le partage, la revente et la réparation des objets, la refabrication et le réemploi des matériaux, le tri et le recyclage des matières. Il s’agit aussi de consolider et pérenniser des activités au profit de la réduction des déchets et de l’économie solidaire.

 

Vers une coopération territoriale renforcée

Stimulés par leur rencontre dans le cadre de cette visite, Liotard TP et La Chignole se sont engagés dans une expérimentation du réemploi des chutes de tubes PVC des chantiers de travaux publics de la vallée. A première vue, une partie importante du contenu des bennes présentes dans la déchèterie interne de Liotard TP à Aurel pourrait être réutilisée et redistribuée par les matériauthèques du territoire. Sollicitée, la communauté de communes du Val de Drôme a accepté de mettre à disposition un local pour une évaluation plus précise des volumes et de la qualité des matières réemployables. Les équipes de La Chignole et Bis Usus (matériauthèque de Die) conduisent ensemble cette première action. Elle permettra de définir un protocole de tri facilement transmissible aux équipes de chantier de Liotard TP. Et ainsi, de poser les bases d’un circuit court de revalorisation de PVC sur notre territoire.

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Cette expérimentation multi-acteurs (entreprise, associations, intercommunalités) préfigure les réorganisations et nouveaux partenariats qui accompagneront la mise en œuvre de la nouvelle filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) pour les produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment. Un chiffre pour saisir les enjeux : 2,5 milliards d’euros au niveau national seront consacrés à terme à la prévention et la gestion des déchets du bâtiment. Une petite révolution en perspective.

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