L’association Biovallée organise depuis 2020, le colloque des plantes à parfum aromatiques et médicinales en Biovallée. Cette année s’est tenue sa 3ème édition avec pour thématique principale les solutions d’adaptations de la filière aux crises environnementales et sociétales.

 

Nous avons eu l’honneur, les 14 et 15 mars, d’accueillir près d’une vingtaine de participants passionnants pour partager avec les acteurs présents réflexions, résultats d’études et bonnes pratiques. Focus dans cet article sur les solutions présentées pour une culture durable, des sols vivants et une bonne gestion de la ressource en eau…

 

Une bonne gestion de la ressource en eau

La question de l’eau est sur toutes les lèvres ces dernières années, elle anime nos réflexions à l’association Biovallée et il en a bien entendu aussi était question le 14 mars sur l’écosite d’Eurre à l’occasion du 3ème colloque des plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM). Heureusement, les nouvelles venues du front de ceux qui observent, mesurent, expérimentent, étaient bonnes : les solutions pour gérer la ressource en eau, les manques comme les excédents, sont nombreuses ! Parmi lesquelles :

  • améliorer l’infiltration de l’eau en limitant son ruissellement grâce au principe de l’hydrologie régénérative, cultiver en fonction des courbes de niveau en creusant des fossés ou « baissières » à la perpendiculaire de la pente pour retenir l’eau, créer des zones tampons enherbées et/ou arborées ; utiliser des engrais verts en inter-culture,
  • améliorer le stockage de l’eau en augmentant le taux de matière organique qui joue un rôle d’éponge, en créant des mares et zones humides favorables à la biodiversité, en créant des bassins remplis par des gouttières sur serres, en créant des drains sur les bordures des parcelles…,
  • répartir l’eau sur les parcelles en travaillant le chemin de l’eau.
  • limiter les pertes et l’évaporation : par le paillage, grâce à l’ombrage par les arbres rendu possible par la pratique de l’agroforesterie, par la création de haies brise-vent perméables.

 

Adapter le choix des cultures et des périodes de plantation

Les perturbations climatiques induisent aussi désormais d’adapter le calendrier des cultures et le choix des essences. Myriam Desanlis, représentant le groupe de recherche en agriculture biologique de la Drôme (GRAB), encourageait les acteurs présents à densifier les cultures, notamment pour un souci de viabilité de l’activité, en produisant plus sur une période plus courte, mais favorable. Produire, plus, c’est à dire, pratiquer les cultures inter-rang et associer par exemple, aux PPAM, des rhubarbes ou des tilleuls… Tout en privilégiant les espèces les moins demandeuses en eau.

Le réseaux mycorhiziens

Hervé Covès, membre de l’association Ver de terre production, a lui attiré notre attention sur le microscopique ! Il existe tout un réseau mycorhizien sous terre, qui régit les échanges entre la plante et les éléments du sol, nutriments, eau, mais également la cohabitation entre les plantes elles-mêmes. Pour pratiquer les cultures inter-rang comme évoqué plus haut, tout en évitant la concurrence racinaire, il suffirait de privilégier et réintroduire des variétés végétales colonisées par un certain type de champignons, les endomycorhizes, majoritairement présentes dans des espèces de l’hémisphère nord. C’est ce qui s’est passé naturellement au GAEC de Montlahuc à Bellegarde en Diois. Les spores des champignons sont arrivées grâce aux oiseaux migrateurs à la recherche d’une escale en zone humide. Le GAEC, terrain d’expérimentation de l’hydrologie régénérative depuis quelques années, s’est avéré hospitalier pour les oiseaux. Les spores, disséminées notamment avec le concours des castors, ont ainsi facilité la cohabitation entre espèces végétales.

 

Les haies bocagères

Daphnée Audras, coordinatrice du laboratoire Sanoflore et Pierre Battail, agronome dans l’entreprise Elixens se sont fait les porte-parole du projet de ferme expérimentale de l’entreprise Sanoflore, à Lozeron. 1500 m2 de haie y ont été plantés, à partir de 40 espèces différentes, pour protéger les cultures du vent et des produits phytosanitaires des parcelles avoisinantes, mais également pour favoriser le retour de la biodiversité. Un épais paillage de chanvre a également été déposé au pied des cultures. Les premiers résultats sont encourageants : des espèces qui avaient déserté les lieux ont enfin fait leur grand retour !

À l’association Biovallée, nous encourageons la généralisation de ces pratiques de régénération écologique. En contribuant à la transmission des savoirs et favorisant les échanges entre acteurs comme nous l’avons fait lors du colloque.  Et également en facilitant l’émergence de projets collectifs dans le domaine, projet en cours, par la création d’espace de dialogue entre les toutes les parties prenantes, monde agricole et monde de la recherche, collectivités, experts… Nous espérons ainsi pouvoir bientôt vous annoncer l’émergence d’un projet de régénération écologique, à échelle territoriale, profitant à toutes et tous !

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