En ce moment, se discute sur le territoire une stratégie commune d’adaptation au changement climatique pour la gestion et le partage de la ressource en eau. Le syndicat Mixte de la rivière Drôme, grand gardien de la rivière, mène la danse !  Quel est le cœur de ses missions ? Comment s’organise la réflexion collective sur l’avenir de la Drôme ? Des éléments de réponse dans cet article :  

 

Protéger et prévoir

Sur l’ensemble du bassin versant de la rivière Drôme, depuis plus de quarante ans, le syndicat mixte de la rivière Drôme (SMRD) œuvre pour que l’un des derniers cours d’eau sauvage d’Europe reste vivant et préservé –  la rivière Drôme. A l’écoute de ses mouvements naturels, évidemment liés aux événements météorologiques et climatiques, les équipes politique et technique du SMRD travaillent au maintien d’une bonne cohabitation entre tous les êtres vivants, faune, flore et humains, qui habitent ses rivages.

Le SMRD est chargé sur le territoire de gérer l’eau, le milieu aquatique et de prévenir les inondations. Ces compétences, qui lui sont déléguées par les collectivités, ont leur acronyme : les compétences GEMAPI.

Le SMRD est né dans les années 80 avec l’ambition de protéger la rivière Drôme contre ce que l’humain pouvait ou pourrait faire contre elle. À l’époque les entreprises creusaient la rivière pour ses cailloux, la Drôme était une décharge où jouaient les enfants. Aujourd’hui, la rivière est redevenue un endroit de vie, mais elle est à nouveau menacée par le réchauffement climatique et nous avons bien saisi les alertes du GIEC et l’indispensable travail en coopération qu’elles induisent.

Pascal Baudin, vice-président du syndicat mixte de la rivière Drôme

 

Animer et structurer

Le SMRD a également pour mission d’animer la commission locale de l’eau (CLE). Elle est actuellement composée de 52 membres issus de 3 collèges : les usagers (habitantes et habitants, propriétaires fonciers, organisations professionnelles, associations…), les collectivités territoriales et les représentantes et représentants de l’Etat. Ensemble, tous élaborent et rédigent le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE). Ce texte réglementaire cadre tous les usages de l’eau : les prélèvements pour l’eau potable, l’irrigation et l’industrie, les usages récréatifs comme le kayak, la baignade et la pêche, et l’exploitation des matériaux par les carriers (sables et galets). Le SAGE prévoit la bonne cohabitation entre ces activités et le milieu aquatique.

Notre commission locale de l’eau existe depuis 1993 et est la plus ancienne de France. La concertation sur le bassin versant de la Drôme est ainsi vue depuis longtemps comme un outil efficace pour résoudre les conflits d’usage et pour faire face aux enjeux du territoire.

 Dans les années 80, il y a eu tout un tas de conflits autour de l’état dégradé de la rivière. Il a fallu mettre des choses en place pour que les personnes puissent se reparler, aplanir les conflits ; le SMRD est né de ça.

David Arnaud, directeur du syndicat mixte de la rivière Drôme

 

Une histoire qui se répète

Aujourd’hui, la rivière est à nouveau menacée. Le réchauffement climatique agit sur la pluviométrie, l’enneigement, les températures et impacte la rivière.

Les règles de gestion doivent s’adapter, c’est pourquoi une réécriture du SAGE a été ébauchée en 2018. Dans le cadre de cette révision, la commission locale de l’eau a souhaité réaliser une étude prospective à 2050 pour prendre davantage en compte les risques potentiels du changement climatique sur le bassin versant de la Drôme.

Il y a eu déjà beaucoup d’efforts de faits mais il va falloir en faire davantage. En 2050, on disposera d’un tiers d’eau en moins. L’impact du climat sur la baisse du débit est vertigineux. Il faut travailler avec ce vertige, avec les incertitudes. Pas à pas, il faut arriver à faire ensemble, surtout pas opposés les uns aux autres.

David Arnaud, directeur du syndicat mixte de la rivière Drôme

De février à avril se tiennent des ateliers de concertation pour définir une stratégie commune d’adaptation au changement climatique. Plus de 150 acteurs représentatifs de la diversité des publics concernés par la gestion locale de l’eau y sont conviés. Parmi les thématiques abordées lors de ces ateliers : la sobriété, la résilience, le partage et le stockage.

Les productions de ces ateliers alimenteront directement les projets de territoire pour la gestion de l’eau et la participation de tous les acteurs concernés est essentielle pour représenter la diversité des points des vues et mettre au débat toutes les incertitudes, solutions et questions.

Claire Petitjean, chargée de mission révision du SAGE

Yannick Régnier, directeur de notre association, suit avec attention les sujets en lien avec l’eau, le sol et la biodiversité, et participe à ces ateliers.

Les élus et techniciens du SMRD portent un soin tout particulier à permettre l’intercompréhension entre tous les acteurs. La visite organisée sur la ferme de Ludwig Blanc à Chabrillan nous a permis de voir que certains agriculteurs sont déjà en mouvement et que les changements à conduire sont tout sauf évidents sur le plan technique et financier. Parallèlement, la visite sur le site expérimental des Alvéoles à Cobonne, a ouvert de nouveaux imaginaires sur la régénération écologique et notre lien au vivant. Les connexions entre les acteurs différents se font, le dialogue est respectueux : ce sont deux conditions nécessaires pour avancer. Nous y concourrons avec nos partenaires dans les mois et années à venir.

Yannick Régnier, directeur de l’association Biovallée

 

Ce mois-ci le programme radio « Il est une vallée », co-produit par notre association, est allé à la rencontre de deux figures du syndicat mixte de la rivière Drôme : Pascal Baudin, son vice-président et David Arnaud, son directeur. Pour écouter l’émission qui a inspiré cet article, c’est ici  !

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