De nombreuses entreprises et producteurs de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM), dont beaucoup en bio, sont situés dans la vallée de la Drôme. Cette dynamique, initiée dans les années 1980, s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui en dépit des contraintes de notre territoire rural, peu dense et éloigné des axes de transport. Les chercheurs nous éclairent sur cette originalité. 

[Episode 2 sur 5 de la série : la transition agroécologique dans la vallée de la Drôme vue par les chercheurs]

 

Des choix individuels à l’image de marque en passant par la force du collectif

L’émergence des entreprises de PPAM dans le Diois dans les années 1980 est le fruit de la volonté de néo-ruraux de trouver un moyen de rester vivre sur le territoire. Ils verront dans les PPAM une ressource potentielle pour leur permettre de gagner leur vie tout en respectant leurs convictions. La vallée, par ses sols et son climat, se prête en effet à la culture d’une diversité de PPAM en bio. C’est donc leur attachement personnel fort au territoire qui est à l’origine de l’émergence de cette filière bio sur le territoire.

Par la suite, l’augmentation du nombre d’entreprises PPAM dans le Diois (puis dans la basse vallée) a favorisé de plus en plus d’installations. La proximité d’entreprises permet le partage de connaissances techniques et la complémentarité de leurs activités respectives. Cette force du collectif explique le fort développement de la filière PPAM bio sur toute la vallée dans les années 1990.

Mais cette filière reste une filière compétitive aux secrets bien gardés et les relations de partage ont diminué au fur et à mesure de la croissance du nombre d’entreprises. Aujourd’hui c’est l’image de marque du territoire sur les PPAM, d’une part, qui maintient l’agglomération des entreprises dans la vallée de la Drôme. D’autre part ces entreprises ont réussie à s’ancrer dans le territoire tout en travaillant en dehors, que ça soit pour la production ou la vente, leur permettant ainsi de rester pérennes tout en restant installées dans un territoire rural.

 

Enseignements généraux pour la transition agroécologique d’un territoire

La trajectoire de la filière PPAM bio dans la vallée de la Drôme renseigne sur les facteurs qui peuvent faire émerger et perdurer une transition agroécologique au sein d’une filière.

Des motivations individuelles peuvent être à l’origine d’une trajectoire territoriale. Si le contexte local est propice et les volontés personnelles fortes, un petit nombre d’individus peut être à l’origine du développement d’une filière biologique. Ici, les motivations personnelles reposent sur un attachement au territoire et une éthique de production respectueuse de l’environnement.

L’hybridation des savoirs entre agriculteurs permet de dépasser les verrous techniques et financiers. La mutualisation de compétences permet de structurer plusieurs maillons d’une filière. Ici, le partage des compétences entrepreneuriales des néo-ruraux et des compétences techniques des agriculteurs locaux. Par contre, la peur de la dépossession des savoirs peut être un frein à cette hybridation.

Une réputation construite autour de l’agriculture biologique fait perdurer la dynamique biologique. L’image positive d’une filière sur un territoire, construite sur la qualité des modes de production et de transformation, permet de faire durer ces pratiques dans le temps tout en les maintenant localement dans ce territoire.

 

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