En fin d’année, l’association Biovallée a réuni sur le site de traitement des eaux usées de Luc-en-diois Jérome Mellet et Justine Danchin, maire et adjointe de Luc-en-Diois, Pascal Baudin, vice-président de la communauté de communes du Diois et du syndicat mixte de la rivière Drôme (SMRD), Cédric Proust et Jérôme Duval, techniciens du SMRD, Jean-Louis Mancip, agriculteur, Rémi Declercq de la société Ecofilae, Philippe Lagrange et Yannick Régnier, vice-président et directeur de l’association Biovallée. C’est là que verra prochainement le jour l’un des 3 projets de réutilisation des eaux usées traitées (Réut) sur le territoire, si tous les voyants passent au vert.

 

Enfin sur le terrain !

Le projet Réut, rappelons-le, consiste à étudier et développer la réutilisation des eaux usées traitées en sortie des stations d’épuration. Des eaux de “seconde main”, traitées et contrôlées, destinées à l’agriculture, l’irrigation des espaces verts, l’industrie… La visite du site de Luc-en-diois en décembre, a été l’occasion pour les acteurs concernés par le projet de se réunir sur le terrain et de mieux se figurer ce que serait bientôt le fruit de deux années de travail en coopération.

Ici, les eaux de tous les habitants pourront être réutilisées pour irriguer les cultures des exploitations qui sont juste en-dessous. C’est un très beau projet !

Les exploitants agricoles sont très enthousiasmés… la problématique de l’eau les met en grande difficulté.

Jérôme Mellet, maire de Luc-en-Diois

Il faudrait que les eaux usées traitées puissent profiter à plus d’agriculteurs.

Jean-Louis Mancip, paysan en polyculture élevage

 

Un site qui coche toutes les cases

Le site de Luc-en-Diois est l’un des 3 sites à avoir été retenu pour donner vie au projet en Biovallée. Les deux autres sites étudiés sont à Allex et Crest sud. Pour qu’un site puisse accueillir une infrastructure de réutilisation des eaux usées traitées, il doit répondre à certains critères :

Quand on visite un site potentiel, les critères étudiés sont la qualité des traitements, des rejets, des débits, et les usages qu’on peut en faire à proximité. 

Philippe Lagrange, vice-président de l’association Biovallée

 

Les eaux traitées sont stockées pour ensuite servir les usagers identifiés en se reliant et/ou en empruntant des réseaux existants. Plus l’infrastructure sera proche des réseaux et des activités auxquelles les eaux sont destinées, plus viable sera le projet. Pour bien concevoir le projet, réfléchir à la question des usages et des usagers est donc incontournable.

Aujourd’hui on arrose des stades de foot avec de l’eau potable, on arrose les fleurs à l’eau potable, on nettoie les rues à l’eau potable… Il était temps de réfléchir à une solution alternative ! La réutilisation des eaux usées traitées en est une […] Mais même recyclées, ces eaux doivent être utilisées avec sobriété. Ça ne sert à rien d’amener de l’eau sur un terrain qui ne peut l’absorber. Pour permettre aux sols d’éponger à nouveau, il faut les régénérer, amender, planter des haies… Sinon tout part sur les routes.” 

Philippe Lagrange, vice-président de l’association Biovallée

 

À la recherche du meilleur scénario

Les collectivités, la société Ecofilae, le syndicat mixte de la rivière Drôme, l’association Biovallée, des agriculteurs, la chambre d’agriculture, la direction départementale des territoires… Ça en fait du monde pour écrire un scénario ; mais n’est-ce pas le seul chemin pour que l’histoire convienne à toutes et à tous ? Croiser les regards et les expertises ? Engager des dialogues de qualité pour construire un projet collectif et solide ? C’est là tout l’enjeu de la mission de l’association Biovallée et le pari semble avoir été relevé en ce mois de décembre.

Beaucoup d’acteurs sont présents ce jour, c’est vraiment un projet en construction collective. On cherche un scénario qui convienne au mieux à chacun. On essaie de voir comment ce projet qu’on mène depuis 2 ans maintenant peut atterrir de façon pratique.

Yannick Régnier, directeur de l’association Biovallée

Nous sommes intervenus dans le choix du site pour nous assurer qu’il était sans impact sur le milieu, la rivière. La réutilisation des eaux usées traitées ne doit pas représenter de nouveaux enjeux sur les zones érodables et inondables. On a mis les garde-fous du côté rivière. 

Jérôme Duval du syndicat mixte de la rivière Drôme (SMRD)

On essaie de travailler une intelligence collective entre le syndicat mixte de la rivière Drôme (SMRD) qui a une connaissance parfaite de la rivière et de sa protection, la direction départementale des territoires qui va réfléchir à la qualité et à la quantité d’eau à remettre à la rivière et les acteurs locaux, le maire de Luc-en-Diois, les agriculteurs, pour trouver une solution qui soit la plus pertinente pour tout le monde…

Philippe Lagrange, vice-président de l’association Biovallée

 

Une pierre à l’édifice

La réutilisation des eaux usées traitées est l’une des réponses apportées par l’association Biovallée à la problématique de l’eau dans l’agriculture en contexte de changement climatique. Rappelons que ce n’est ni une solution unique, ni une solution idéale. C’est une pierre à l’édifice.

La réutilisation des eaux usées traitées est la dernière boucle de ce qu’on appelle l’économie circulaire de l’eau. On étudiera bientôt au sein de l’association Biovallée d’autres boucles, parmi celles qui permettent aux paysages de retenir l’eau, d’éponger davantage. Notamment, dès 2024, nous lancerons un projet collectif d’intérêt territorial sur la régénération écologique (paysages, hydrologie, agriculture régénérative) en Biovallée.

Yannick Régnier, directeur de l’association Biovallée

 

Pour en savoir plus, la radio locale RDWA était également conviée à la visite. Nous vous invitons à écouter l’émission produite dans le cadre de notre programme « Il est une vallée ».

Share This