Le 7 septembre dernier, les entreprises membres de la communauté J’entreprends en Biovallée ont assisté à un atelier sur le reporting extra-financier et la comptabilité environnementale, en présence de Véronique Liné, experte de ces sujets et membre du comité scientifique de la Smash, partenaire de notre association. 

 

Du développement durable à la RSE, une intégration progressive des enjeux de transition au coeur de l’activité des entreprises

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) a longtemps été reléguée à la marge de l’activité et de la stratégie des entreprises. La pratique la plus courante est toujours de générer d’un côté des données d’ordre financier synthétisées dans un bilan comptable, et de produire par ailleurs des éléments qualitatifs sur les actions mises en oeuvre dans le domaine du social (lutte contre les discriminations, prévention des risques, amélioration des conditions de travail,…) et de l’environnement (démarche d’efficacité énergétique, prévention et recyclage des déchets,…). La norme ISO 26000, premier standard international en matière de RSE issu d’un consensus mondial, est venue préciser les grandes lignes directrices que les organisations peuvent suivre en la matière. Mais si cette norme peut servir de base pour évaluer l’engagement des entreprises en faveur du développement durable, elle ne donne lieu à aucune certification et conserve un caractère volontaire, les entreprises n’ayant aucune obligation réglementaire à s’y conformer.

Du volontariat à l’obligation réglementaire

En novembre 2022, le Conseil de l’Union européenne adoptait la directive CSRD (pour Corporate Sustainability Reporting Directive). Derrière cet acronyme abscons, des objectifs clairs : harmoniser les reporting de durabilité des entreprises et améliorer la qualité des données publiées. Un grand nombre d’entreprises auront ainsi l’obligation de suivre des normes européennes en la matière et de publier des informations détaillées sur leurs risques, opportunités et impacts en lien avec les questions sociales, environnementales et de gouvernance. Et ce reporting devra faire l’objet d’une vérification obligatoire par un commissaire aux comptes… A cela s’ajoute une seconde réglementation européenne à venir qui consistera à référencer les activités “vertes” ou “durables” des entreprises et celles qui ne le sont pas. Cet outil de classification, appelé “taxonomie”, devra permettre d’orienter prioritairement les flux financiers vers les activités économiques respectueuses de l’environnement et d’éviter le « green-washing ».

Enjeux et opportunités de formaliser et d’évaluer ses engagements RSE pour l’ensemble des entreprises, quelque soit leur taille

Face à ces évolutions potentiellement lourdes et complexes pour les entreprises, le message clé de Véronique Liné se veut rassurant et mobilisateur : pas de panique, ces réglementations s’appliqueront progressivement dans les années à venir (à partir de 2026 pour les entreprises de plus de 250 salariés), mais chaque entreprise, y compris les plus petites PME, a intérêt à s’y référer dès maintenant. Premièrement afin d’être en capacité de répondre aux exigences grandissantes des donneurs d’ordre et des financeurs (banques, investisseurs,…). Mais également pour être acteur de cette transformation plutôt que de la subir dans l’urgence. Les PME ont encore le temps de s’approprier les méthodes proposées en matière de reporting extra-financier et de “se faire la main” sur les prochains exercices comptables. Elles peuvent également considérer ces évolutions comme une opportunité pour se différencier vis-à-vis de leurs concurrents, faire évoluer leurs modèles d’affaire et gagner en attractivité en tant qu’employeur. 

Une première étape incontournable : la comptabilité carbone

Parmi les multiples portes d’entrée possibles vers l’intégration de données non-financières dans le reporting des entreprises, le bilan carbone fait figure d’incontournable. Il s’appuie en effet sur une méthodologie mature qui permet aux entreprises de prendre conscience de leurs enjeux en lien avec les émissions de gaz à effet de serre. Réaliser son bilan carbone implique d’inscrire ses activités dans une trajectoire d’amélioration vers un moindre impact environnemental, plus d’efficacité et une résilience accrue aux chocs à venir (pic pétrolier, raréfaction des ressources, prix du carbone, etc). Depuis 2021, l’association Biovallée apporte son soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies carbone des entreprises via des formations collectives et l’animation de réunions techniques réunissant leurs “référents carbone”. Prochaine étape : une session de partage des plans d’action et des trajectoires de réduction des émissions des entreprises prévue au mois d’octobre. 

Share This